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égard, tâche de te reposer, tu es faible, bien faible encore.

— Papa, j’ai faim. Quand j’aurai pris quelque chose, je reposerai mieux.

— Tu as faim ? tant mieux, mon enfant. Blaise, mon ami, va lui chercher une petite tasse de bouillon de poule. »

Blaise ne fit qu’un saut du lit de Jules à la porte ; il courut annoncer la bonne nouvelle de la convalescence de Jules, et demanda un bouillon, qu’on fit chauffer avec empressement.

Pendant son absence, Jules prit la main de son père, la baisa à plusieurs reprises, le regarda fixement et dit avec hésitation :

« Papa… papa, Blaise est mon frère.

— Et mon second fils, mon cher Jules ; je suis heureux de te voir devancer ma pensée. »

Blaise rentra avec la tasse de bouillon, que Jules but avec avidité. À partir de ce moment la convalescence s’établit et marcha rapidement. M. de Trénilly continua à veiller près de Jules, mais il ne voulut pas souffrir que Blaise continuât de nuit le rôle de garde-malade. Il le renvoya coucher ce même soir chez son père. Blaise avait réellement besoin de repos ; il avait à peine sommeillé pendant les sept jours du danger de Jules ; la nuit comme le jour, il était avec le comte, toujours au chevet du lit. Le comte avait voulu