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frayez de rien, ne regrettez rien. Tout est pour le mieux. Pendant que vous étiez si mal, que nous craignions de vous voir mourir, vous avez dit tout ce que vous avez fait ; vous avez tout raconté ; votre papa pleurait, vous embrassait, vous serrait dans ses bras et priait le bon Dieu de vous sauver. Vous voyez bien qu’il ne vous en voulait pas.

— Tout le monde sait donc ce que je suis ? dit Jules avec accablement.

Blaise.

Personne, monsieur Jules, personne que votre papa et moi. Il n’y a que nous deux qui approchions de vous.

Jules.

Et papa sait tout ! Comme il doit me mépriser !

— Jules, mon enfant chéri, s’écria le comte, incapable de résister plus longtemps au désir de le rassurer ; Jules ! je t’aime toujours ; plus qu’avant ta maladie, parce que je vois tes remords et que je t’en estime davantage. Oh ! Jules ! mon cher fils ! le vrai coupable, c’est moi, qui ne t’ai jamais parlé du bon Dieu et qui t’ai donné un si triste exemple. Jules ! pardonne-moi, mon enfant ; c’est ton père qui a besoin de pardon, parce qu’il est le vrai, le grand coupable ! »

Jules, étonné, attendri, ne pouvait parler, mais