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d’une bonne conscience. Il se leva, se plaça près du lit de Jules, et contempla avec une pénible émotion son visage contracté et agité.

« Mon Dieu, dit-il, rendez-le semblable au pieux et sage Blaise, et pardonnez-moi de l’avoir si mal élevé. Que je sois seul puni, et que mon fils soit épargné ! »

Le comte resta longtemps près de Jules, suivant avec anxiété ses moindres mouvements, et prêt à se cacher à son premier réveil. Jules dormit longtemps encore ; évidemment il était mieux. Il s’éveilla enfin, ouvrit les yeux et poussa un faible cri qui fit sauter Blaise de dessus son fauteuil. Le comte s’était retiré et caché derrière le rideau du lit.

« Blaise, Blaise, je crois que j’ai vu papa… J’ai rêvé sans doute, ajouta-t-il en se soulevant et regardant de tous côtés… Je croyais qu’il était là… J’ai eu peur, bien peur.

Blaise.

Et pourquoi avoir peur de votre papa, mon bon monsieur Jules ? Croyez-vous qu’il aurait le cœur de vous gronder après vous avoir vu si malade ?

Jules.

Blaise ! est-ce que j’ai dit quelque chose pendant ma maladie ? Dis-moi la vérité ! Qu’ai-je dit ? Je me souviens que je parlais beaucoup.

Blaise.

Écoutez, mon cher monsieur Jules, ne vous ef-