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Le comte.

Rassure-le, encourage-le, mon ami, mon bon Blaise, afin qu’il n’ait plus peur de moi. Ah ! cette pensée me tue.

Blaise.

J’arrangerai tout avec l’aide du bon Dieu, mon bon monsieur le comte ; ayez confiance, vous en serez récompensé. »

Le comte ne le retint plus, et, cachant sa tête dans ses mains, il réfléchit à la piété de Blaise et aux vertus véritablement admirables de cet enfant.

« Comment a-t-il appris tout cela ? se demandait-il avec surprise. Ce pauvre enfant de portier a les sentiments élevés d’un prince, la science d’un savant, la générosité, la charité d’un saint. Quand il me parle, il m’émeut ; quand il me console, ses paroles pénètrent mon cœur de si doux sentiments que je ne sens plus mes inquiétudes ni mon malheur. Quand il me reprend, il me fait rougir comme s’il avait autorité sur moi. Pourquoi tout cela ?… Pourquoi ? ajouta-t-il ; parce qu’il est pieux, parce qu’il a suivi avec fruit les instructions du catéchisme, parce qu’il va faire sa première communion, parce qu’il est un saint enfant de Dieu… Et mon Jules, mon pauvre Jules, qu’est-il auprès de cet enfant ? Un malheureux pécheur, un misérable comme moi. Ah ! que le bon Dieu me rende mon enfant, et je me confesserai avec