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Blaise.

Eh bien ! monsieur Jules, ce sera l’expiation de votre faute : ce sera beau de tout avouer. Mais vous avez le temps d’y penser, Dieu merci : ainsi tâchez de dormir encore ; nous causerons de cela plus tard. »

Blaise fut satisfait d’avoir pu jeter dans l’âme de Jules la première pensée de l’aveu comme expiation ; il mettait entre ses mains le moyen d’apaiser sa conscience, de retrouver le calme qu’il avait perdu.

Jules reçut les paroles de Blaise avec quelque surprise mêlée de satisfaction ; il sentait vaguement qu’il pouvait tout réparer ; mais, trop faible pour réfléchir sérieusement, il se laissa aller au sommeil et dormit encore deux bonnes heures.

M. de Trénilly osait à peine remuer, tant il avait peur de troubler le repos de Jules ; il désirait dire quelques mots à Blaise, et il n’osait parler. Blaise, s’apercevant de son angoisse, se leva sans bruit, arriva jusqu’à lui sur la pointe des pieds ; quand il fut à la portée du comte, celui-ci l’attira doucement à lui, le serra vivement dans ses bras et lui dit bas à l’oreille :

« Dis-lui que je sais tout, que je lui pardonne, que je l’aime, que c’est toi qui as changé mon cœur, que tu es son frère, mon second enfant.

— Je lui dirai combien vous êtes bon, monsieur le comte, répondit Blaise tout bas.