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Et le pauvre Blaise versa quelques larmes.

Anfry.

Allons, Blaise, du courage, mon garçon ! Qui sait ? tu le reverras peut-être plus tôt que tu ne penses. M. de Berne m’a bien promis qu’il tâcherait de me placer dans son autre terre, où il va habiter.

Blaise.

Et puis il la vendra encore, et il nous faudra encore changer de maîtres.

Anfry.

Mais non ; tu ne sais pas et tu parles comme si tu savais. L’autre terre est une terre de famille, qui ne doit jamais être vendue ; tandis que celle-ci était de la famille de madame, et ils ne pouvaient pas habiter deux terres à la fois. Est-ce vrai ?

— À quoi sert de parler de tout cela ? dit Mme Anfry. Mangeons notre dîner ; veux-tu du fromage, Blaisot, en attendant la salade aux œufs durs ?

Blaise accepta le fromage, puis la salade, et, tout en soupirant, il mangea de bon appétit, car, à onze ans, on pleure et on mange tout à la fois.

Le reste du jour se passa tranquillement pour la famille du concierge ; personne ne les demanda. Quand la nuit fut venue, ils mirent les ver-