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j’ai pleuré encore longtemps après vous avoir quitté ; j’ai pourtant fini par comprendre que j’étais un orgueilleux, et, de plus, un sot, et me voici prêt à vous faire un cerf-volant que je soignerai de mon mieux…

— Et que tu peindras, interrompit vivement Jules.

— Et que je me garderai bien de peindre, reprit Blaise en souriant. Il faut convenir que c’était bien laid ce que j’avais fait, et que vous avez eu raison de le déchirer.

— Je ne crois pas,… je ne pense pas,… dit Jules en balbutiant, touché malgré lui de l’humilité et de la bonté de Blaise ; on aurait pu l’arranger, le couvrir, le repeindre.

— Ah bien ! Ne pensons plus à ce qu’on aurait pu faire du défunt et commençons le nouveau. Voulez-vous m’aider un peu, monsieur Jules ? cela ira plus vite.

— Je veux bien », dit Jules avec plus de douceur que d’habitude.

Blaise commença à ajuster les brins d’osier pendant que Jules préparait le papier ; il le fit d’assez bonne grâce, et avant une heure le cerf-volant fut terminé ; il ne restait plus à faire que la queue et les peintures ; Blaise se chargea de la queue, et Jules essaya de barbouiller quelques figures sur le cerf-volant. Blaise les trouva admirables, malgré leur défaut de couleurs et de formes.