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tiant, je suis fâché… Je ne peux pas… Papa désire que je travaille, que je gagne…

— Oh ! quant à ton gain, je te promets que tu n’y perdras pas ; je te donnerai le double de ce que tu reçois à la ferme.

— Monsieur le comte, dit Blaise, reprenant un peu courage, je ne pourrais pas entrer au château avec l’opinion que vous avez de moi. Je n’ai pas mérité les reproches que vous m’adressiez l’année dernière, et je ne puis vous promettre de faire autrement cette année. M. Jules ne m’aime pas ; je ne dis pas qu’il ait tort ; mais je ne crois pas possible que je reste près de lui dans les sentiments que je lui connais.

Le comte.

Jules t’aime, au contraire, puisque c’est lui qui te demande ; quant au passé, le mieux est de n’en pas parler. Nous voici bientôt arrivés ; viens avec moi chez Jules, il sera bien content de te voir. »

Le pauvre Blaise ne dit plus rien ; il se résigna pour ce jour-là, se proposant bien de demander à son père de refuser toutes les propositions du comte.

Ils entrèrent chez Jules, qui attendait le retour de son père avec une vive impatience.

« Eh bien, papa, Blaise vient-il ?

— Le voici, mon garçon ; j’ai eu de la peine à le trouver. Tu vois, Blaise, que Jules t’attendait.