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sûreté, fondirent une dernière fois sur le comte, toujours armé de sa chaise ; la fourche et le râteau restèrent pris dans la paille de la chaise ; Robert, se voyant désarmé, entraîna son frère qui se trouvait également sans armes, et tous deux se précipitèrent hors de la chambre avec autant d’agilité qu’ils y étaient entrés. Le comte, revenu de sa surprise, voulut savoir ce qui avait causé cette attaque inexplicable ; il sortit, tourna autour de la maison, visita les bâtiments de la ferme et n’y trouva personne. Les enfants étaient bien loin en effet ; ils avaient couru tous les trois rejoindre leur mère, qui revenait avec Blaise ; ils lui racontèrent que le comte était si méchant et si furieux qu’il avait voulu manger Alcine.

« Il l’aurait mangé, maman, si Robert et moi nous n’étions arrivés avec une fourche et un râteau…

— Une fourche, un râteau ! contre M. le comte ! s’écria la mère effrayée. Jésus ! mon Dieu ! qu’est-ce qui va advenir de nous ?

Robert.

Il le tenait déjà par terre, maman ; il ouvrait une bouche énorme, et il avait de grandes dents blanches comme celles d’un loup !

François.

Et des yeux qui semblaient brûler ce qu’ils regardaient !