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Anfry.

Il est d’âge à travailler, et il faut qu’il s’habitue à gagner sa vie. Je n’ai pas de quoi le garder à fainéanter comme les enfants de M. le comte.

Le domestique.

Eh bien ! M. le comte sera content ! il va me donner un galop, et vous en aurez les éclaboussures bien certainement.

Anfry.

À la volonté de Dieu ! Je ne crains pas les gronderies quand je ne les mérite pas. »

Le domestique s’en retourna encore une fois en grommelant, et Anfry alla à son jardin ; tout en bêchant, il souriait en se disant :

« Blaisot a eu une bonne idée tout de même ! C’est qu’il n’est pas bête, ce garçon ! »

Mais M. de Trénilly ne se décourageait pas si facilement ; il voyait bien que Blaise ne venait pas parce qu’il ne s’en souciait pas, et que le travail à la ferme n’était qu’un prétexte. Cette résistance l’irritait sans le surprendre. D’après ce que lui avait raconté Hélène pour la justification du pauvre Blaise, il avait conçu de l’estime pour lui, et il commençait à croire que Jules avait pu être trompé par les apparences, et s’être mépris sur les intentions de Blaise. Jules, de son côté, qui ne pouvait s’empêcher de reconnaître la bonté et la complaisance de Blaise, parlait souvent du dé-