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innocence ; mais en attendant il souffre et Jules triomphe. Oh ! si Jules pouvait comprendre combien il est mauvais ! L’année prochaine il doit faire sa première communion ; comment pourra-t-il la faire s’il ne reconnaît pas ses torts ?… »

Hélène eut le temps de réfléchir, car Blaise ne revint qu’au bout d’une demi-heure.

« Voici, mademoiselle, cria-t-il de loin, une pâtée faite par maman. J’ai été longtemps, car il a fallu la préparer, puis revenir pas trop vite pour ne pas renverser l’assiette ; elle est bien pleine, les poulets vont se régaler. »

Et il posa l’assiette au milieu du poulailler ; les quatre poulets affamés se précipitèrent dessus et picotèrent jusqu’à ce qu’il n’en restât miette.

Blaise conseilla à Hélène de tenir ses poulets enfermés pendant deux ou trois jours, pour qu’ils pussent s’habituer à leur nouvelle demeure. En peu de semaines ils devinrent de beaux poulets gras et forts. Jules s’en informait avec intérêt de temps en temps ; Hélène lui en sut gré et crut que c’était un commencement de repentir et d’amélioration. Un jour que Mme de Trénilly préparait le dîner, Jules lui dit :

« Quand donc mangerons-nous les poulets d’Hélène ? Le cuisinier en ferait volontiers une fricassée.

— Manger mes poulets ! s’écria Hélène effrayée.