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Blaise.

Comme vous voudrez, mademoiselle, mais cela ne me fait pas grand’chose à présent. Depuis que je vais au catéchisme pour ma première communion l’an prochain, je sais que Notre-Seigneur a souffert des méchants, et cela me console de souffrir un peu. »

Hélène tendit la main à Blaise, qui la remercia encore avec reconnaissance et affection ; elle retourna lentement à la maison. En rentrant, elle raconta à son père et à sa mère ce que Blaise lui avait dit, et elle fit part de son impression à l’égard de Blaise.

« Je n’ai jamais vu, dit-elle, un plus excellent garçon, et je serais bien heureuse de vous voir changer d’opinion et de sentiments à son égard.

— Il faudrait pour cela, ma chère Hélène, dit M. de Trénilly avec froideur, que nous pensassions bien mal de ton frère, qui dit juste le contraire de Blaise, et qui serait d’après toi un menteur, un calomniateur, un méchant. J’aime mieux avoir cette mauvaise opinion de Blaise que de mon fils.

Hélène, avec feu.

Cela dépend de quel côté est la vérité, papa ; si pourtant Blaise est innocent, voyez quel mal vous lui faites, et quelle injustice vous commettez.

— Tu oublies que tu parles à ton père, Hélène, dit Mme de Trénilly avec sévérité.