mais elles ont le tort d’être rendues en vers. C’est sans doute un sens qui me manque; je n’aime pas les vers; ceux de Hugo, de Lamartine m’ont trouvée insensible; je n’aime que les vers de Molière, d’Émile Augier et d’Anatole, parce que rien en eux ne rappelle la versification et ses règles. Que faire maintenant? Comment écrire ce que je pense à ce pauvre ami poète? Et comment écrire ce que je ne pense pas? Et comment ne pas écrire du tout? Les vers sont beaux, je le répète, mais ils m’ennuient. Demande, je t’en prie, à M. G…[1] de me donner pour pénitence cet hiver de lire vingt pages de cette poésie, belle, éloquente. — Les détails que tu me donnes sur mes gros amours m’ont fait grand plaisir, mais prends garde que Jeanne n’ennuie Jacques à force de l’embrasser, et qu’il ne lui rende une taloche pour baiser; son petit poing, tout gentil et charmant qu’il est, sait se faire sentir, et Jeanne pourrait pleurer et mon pauvre Jacquot serait grondé, tapé peut-être… Le pauvre petit d’Es-grigny est mort, fort heureusement[2] ; son agonie a été affreuse et a duré quatre mois ; les pauvres parents sont au désespoir. Gaston n’a pas de leurs nouvelles depuis la mort de l’enfant, ce qui lui fait croire qu’ils ont emmené son corps en Bretagne, où ils ont un château près de Kermadio. — Je suis enchantée de te savoir sortie de ta crise d’estomac, et enchantée pour toi de l’arrivée du bon Jean; tâche de le garder jusqu’à ton départ. Il doit faire bien
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