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chez elle depuis le matin jusqu’à la nuit, que je suis dérangée à chaque instant, soit pour Nathalie, soit pour le petit, que j’ai dû perdre mes plus belles heures d’écriture à courir chez des personnes pour des bonnes, qu’il a fait noir pendant un temps à me crever les yeux, que les petites, le petit, la garde, Élisa, Pauline, vont, viennent, causent autour de moi. Depuis deux jours je suis dans une impatience intérieure continue de n’avoir pas une heure tranquille à donner à mes lettres; j’en suis d’autant plus irritée au dedans que je n’en laisse rien paraître au dehors et que je contiens mes désolations inaperçues en me disant que je suis ici pour me consacrer tout entière à Nathalie, et que je dois sacrifier sans cesse ma correspondance la plus obligatoire, la plus désirée. Paul fume à nous asphyxier. Ce dernier trait est une échappée de ma colère contenue… Tu as bien raison de voir M. Tessier[1] en arrivant; je suis impatiente de te savoir arrivée et installée chez toi ; quand tu commanderas ton lit, fais-le faire (si ta chambre à coucher le permet) de manière à pouvoir l’aborder des deux côtés : en couches, et dans tous les cas, c’est cent fois plus commode que d’avoir un lit adossé contre le mur par le côté. Ici, voici comme ils sont toujours placés; les rideaux ne garantissent que la tête, voici le profil[2]; c’est commode et joli; le haut est un baldaquin avec deux colonnes à la tète du lit, qui le soutiennent. De plus, fais mettre à ton lit

  1. Le médecin de ma mère et le mien.
  2. Un petit croquis à la plume est fait sur la lettre à cet endroit.