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posée à la garde du nouveau-né (auteur déjà cité) et qu’on attend ce matin. Paul et Nathalie sont dans la joie d’avoir un garçon et les petites sont au moins aussi heureuses d’avoir un frère et surtout un baby autour duquel elles font déjà la mouche du coche. Le petit vient d’être intégré dans son domicile, contigu à celui de ses sœurs ; il est étonnamment gentil pour un enfant de dix heures. Il est né le 15, jour de la fête de l’Impératrice[1], qui doit être sa marraine avec l’Empereur pour parrain ; l’ondoiement se fera ici et le baptême aux Tuileries en avril, au retour de Nathalie. Pendant les six heures de vraies douleurs de Nathalie, ma pensée allait d’elle à toi, pauvre Minette, et à notre pauvre Émile, qui aura, lui aussi, un rude moment à passer. Espérons que le Bon Dieu abrégera l’épreuve et te réduira au temps strictement nécessaire… Tu auras Mme Bermond, qui est autrement encourageante et aidante que ce froid, impassible docteur, Anglais pur sang. Je ne t’écris pas longuement à cause de la quantité de lettres que j’ai à expédier… Je reste près de Nathalie de jour. Paul court pour l’acte de naissance, les dépêches télégraphiques à ton père et à sa mère, et pour faire part lui-même, selon le sot usage de Londres, de l’heureux événement qui lui donne un fils. Pour les filles on n’est tenu à rien. Le payement de l’accoucheur diffère aussi selon le sexe : 15 livres sterling pour une fille, 20 pour un garçon. Et pourtant, les femmes règnent chez eux et transmettent à leurs fils les pairies et les

  1. Dont ma sœur de Malaret était dame du Palais.