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nouvelles à Olga ; je n’ai pas le temps de lui écrire aujourd’hui.


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AU VICOMTE ÉMILE DE PITRAY


Londres, 11 novembre 1856.


Mon cœur est dans la joie de ton appartement, cher enfant. Peu s’en faut que je ne témoigne ma vive satisfaction par des bonds et des sauts ; heureusement que le poids de l’âge et le poids du corps arrêtent les élans de ma joie et me laissent terre à terre comme il convient à une vieille grand’mère et une respectable mère…

Le temps glacial n’est pas engageant pour apprécier Londres, dont le seul agrément est la promenade champêtre de Hyde-Park et autres Parks et aussi la solitude des rues et des promenades ; on dit que le quartier de la Cité est très populeux ; je l’ai traversé quelquefois et je n’y ai pas aperçu ce symptôme de vie ; alors, on m’a dit que ce n’était que pendant les heures de bourse et de marché que ces gens-là se réveillaient de leur pesant engourdissement. En somme, ils vivent bizarrement, ces Anglais ; ils ne vivent que pour le commerce et l’industrie ; je n’aime pas cette existence sordide de tout un peuple. Ils sont bien pauvres en célébrités guerrières, et ils le font bêtement sentir en étalant leur Wellington sur toutes les portes, dans les promenades ; ce perpétuel Wellington est irritant là où il est le plus absurdement exposé, c’est dans une allée de Hyde-Park ; il est en Achille, n’ayant