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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Malaret, 25 mars 1873.


Chère petite, la dernière lettre de Lydie[1] m’a donné de sérieuses inquiétudes sur mon pauvre petit Paul. Ses douleurs de tête presque continuelles et ses douleurs dans les yeux indiquent un état inflammatoire dans le cerveau, causé par un excès de travail, un manque de sommeil, une fatigue générale ; le collège est trop dur pour les enfans délicats… . Jacques, plus fort, y a résisté, mais d’autres plus faibles n’ont pu s’y habituer. A Toulouse, c’est de même; on en retire tant d’enfans que les Pères se décident à vendre leur établissement, qui deviendra une caserne, à acheter un château avec parc énorme, hors la ville, et à changer le régime alimentaire, le système d’études, d’exercices, etc. ; mais ce ne sera fait que dans deux ans. Il me semble impossible de laisser le pauvre Paul dans l’état où il est ; il faut lui faire prendre des eaux appropriées à l’état de sa tête et suspendre le collège pendant des mois[2]. Dans un ou deux ans, il pourra travailler, mais jamais d’après la méthode universitaire. Qu’il apprenne les langues étrangères; plus tard, qu’il apprenne la chimie, la physique, l’histoire naturelle qui lui prépareront des succès dans l’industrie, et il ne sera pas plus ignorant que les autres, au

  1. Une de mes parentes.
  2. Nous l’avons retiré du collège et soigné chez nous, où il a fait plus tard ses études.