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avec lui en wagon pour Livet. — Cette combinaison est imparfaite et inquiétante, quoique possible ; avec l’inexactitude des trains, depuis la guerre on ne peut compter sur rien…

Quatrième combinaison, la plus simple et la plus naturelle. Tu pars toi-même pour arriver le mardi matin ou le lundi soir et tu le ramènes comme un bon père, sans danger de se croiser, ni crainte pour Jacques, ni inquiétude de le voir rester dans la gare, sans argent et sans savoir où aller.

Choisis, écris-le à Jacques et à moi ; si j’étais bien portante, ou de vingt ans plus jeune, j’irais le chercher à Poitiers et je le ramènerais à Livet; mais dans mon état de santé si précaire, je ne peux pas risquer ce coup de tête; si j’avais une attaque en wagon, que deviendrait mon pauvre Jacques ?

Dans tous les cas, si Jacques part seul, il faut qu’il emporte une centaine de francs dans sa poche pour pouvoir payer sa place en cas d’imprévu.

J’attends ta réponse pour arrêter mes projets de départ…



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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Kermadio, 23 juillet 1871.


Chère petite, d’après la lettre d’Émile, je ne me suis plus mêlée du voyage de Jacques, ce qui ne m’a pas empêchée d’y penser avec inquiétude et de m’en tourmenter nuit et jour. On se moque de moi, mais je ne puis faire autrement… Je t’apporterai une copie de la lettre que M. le comte de Chambord a