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aussi pour le jour de l’an[1]. Adieu, chère enfant, je t’embrasse tendrement ; la famille va bien.



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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Kermadio, 31 décembre 1870.


Ma bonne et très chère fille, Dieu sait quand cette lettre t’arrivera à cause des postes bouleversées ; mais je ne veux pas finir l’année sans t’embrasser. Quel temps de chien pour finir la triste année 1870, et comme nous la finissons tristement !… Le froid continue ; pauvres soldats ! J’ai reçu tout à l’heure ta triste lettre du jour de l’an. Elle est pleine des meilleurs sentimens qui te vaudront bien des bénédictions et des grâces de Dieu. Je suis bien aise que mes pauvres misérables petites boîtes soient arrivées à bon port; cela me fait espérer que mon petit Jacques aura reçu la sienne partie le même jour; il m’a déjà écrit plusieurs fois, le pauvre petit, malgré le froid rigoureux; maintenant, je crois la poste interceptée de Tours à Poitiers ; les nouvelles arriveront difficilement. Je vais passer presque toute ma journée à écrire des lettres à mes enfans ; ne pouvant les embrasser, je leur écris, c’est quelque chose.



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  1. Toujours et partout les mêmes nouvelles mensongères et le même besoin d’y croire.