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PRUDENCE.

C’est une bonne idée, ça. Je vais vite ranger vos effets, et nous appellerons les Polonais. »

Prudence, aidée d’Innocent et de Simplicie, parvint à tout mettre en ordre ; elle mit le linge entre les matelas ; elle enveloppa dans une serviette celui d’Innocent, dans une autre les habits et chaussures de collège ; elle arrangea de son mieux ses robes et celles de Simplicie dans les deux compartiments de la malle ; ensuite elle donna aux enfants de l’eau, du savon, des peignes et des brosses. Ils firent leur toilette et s’apprêtaient à sortir, quand Croquemitaine vint les prévenir qu’il était midi et, que leur tante les attendait pour déjeuner. Ils n’osèrent pas résister à la sommation, et, laissant Prudence déjeuner de son côté avec Croquemitaine, ils allèrent au salon.

« Arrivez donc, sapristi ! J’aime qu’on soit exact, moi ; mettons-nous à table, j’ai une faim d’enragée. Mets-toi là, Simplette, à ma droite ; et toi, par ici, nigaud, en face de moi. Où sont les Polonais ? Fais-les venir, Croquemitaine. Je n’aime pas attendre, tu sais. »

Deux minutes après, les Polonais, lavés, peignés, nettoyés, entraient, saluaient, remerciaient.

« Aurez-vous bientôt fini vos révérences ? Je n’aime pas tout ça. À table, et mangeons. »

Croquemitaine apporta une omelette. Mme Bon-