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MADAME BONBECK.

Si c’est pour porter un uniforme, je te ferai recevoir dans les enfants de troupe, grand nigaud ; tu aurais bien par-ci par-là quelques coups de fouet et tes camarades à tes trousses, mais tu courrais les champs et tu ne pâlirais pas sur ces diables de grec et de latin auxquels ils ne comprennent rien, quoi qu’ils en disent.

INNOCENT.

Papa veut bien que j’entre en pension, ma tante ; et il m’a dit que j’entrerais dans la pension des Jeunes savants.

MADAME BONBECK.

Ânes savants, tu veux dire, nigaud !

Innocent n’osa pas répliquer ; Mme Bonbeck lui donna en riant une tape sur les reins, et s’assit dans un fauteuil. Elle interrogea les Polonais, qui lui racontèrent les aventures du voyage de Prudence et des enfants ; elle rit à se pâmer ; sa gaieté gagna, les Polonais et même les enfants.

« Je vois que vous êtes de bons enfants, dit-elle aux Polonais. Où demeurez-vous ? que faites-vous ?

BOGINSKI.

Nous n’avons pas de demeure et pas rien à faire.

MADAME BONBECK.

De quoi vivez-vous ?