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plateau chargé de tasses, de café, lait, sucre, pain, beurre.

« Vous permettez-nous manger avec vous ? dit Boginski.

— Avec plaisir et reconnaissance, chers protecteurs », répondit Prudence attendrie.

Ils avaient tous faim et tous mangèrent copieusement ; mais, entre tous, les Polonais se distinguèrent par leur appétit vorace ; le pain de six livres, le litre de café, la cruche de lait, la motte de beurre, le sucrier plein furent engloutis par les Polonais affamés. Lorsqu’il n’y eut plus rien à manger, ils se levèrent, regardèrent Prudence et les enfants, et ne purent s’empêcher de sourire en voyant leurs visages rouges et bouffis.

« C’est puces qui ont mangé visage ? demanda Boginski en cherchant à prendre un air de compassion.

PRUDENCE.

Non, ce sont des punaises ; nous n’avons pas dormi jusqu’au jour. Je ne pensais pas qu’à Paris on fût mangé de punaises.

COZRGBRLEWSKI.

Paris grand ! Place pour tous.

— Il faut payer et partir, Madame, dit Boginski d’un air aimable.

PRUDENCE.

À qui faut-il payer ?