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PRUDENCE.

Et où fallait-il donc que je la misse, monsieur ?

INNOCENT.

Dans ta poche ! tu l’aurais trouvée en arrivant.

PRUDENCE.

C’est facile à dire, dans ta poche. Ma poche est si bourrée qu’on n’y ferait pas entrer une épingle. Est-ce aussi ma faute si ce gueux de chien et sa méchante maîtresse nous ont volé, mangé nos provisions ? Et puis tout le reste, est-ce ma faute aussi ?

INNOCENT.

Je ne dis pas cela, Prudence ; seulement, je dis que… que… enfin, que c’est ta faute.

PRUDENCE.

C’est cela ! Et moi, je dis que si vous n’aviez pas pleurniché, ennuyé, assoté votre papa et votre maman, on ne nous aurait pas envoyés à Paris, et que nous serions restés tranquillement chez nous.

SIMPLICIE.

C’est ta faute, Innocent ; c’est toi qui m’as dit de pleurer et de bouder.

INNOCENT.

Eh bien ! n’avons-nous pas réussi ? Tu verras demain, comme tu seras contente !… Je suis fatigué, j’ai sommeil, » ajouta-t-il en bâillant.

Les enfants se couchèrent ; Prudence se coucha