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poussa un cri sauvage, et, s’élançant sur Innocent avant que personne eût pu l’arrêter, elle lui appliqua soufflet sur soufflet, coup de poing sur coup de poing. Prudence n’avait pas encore eu le temps de s’interposer entre cette femme furieuse et sa victime, que les Polonais avaient ouvert la portière placée au fond de la voiture, et, profitant d’un moment d’arrêt, ils avaient saisi Mme Courtemiche et l’avaient déposée un peu rudement sur la même grande route où avait été lancé son Chéri mignon. La diligence, en s’éloignant, leur laissa voir longtemps encore Mme Courtemiche, d’abord assise sur la grande route, puis levée et menaçant du poing la voiture qui disparaissait rapidement à ses regards. Prudence approuva et remercia les Polonais, Mme Petitbeaudoit les blâma et leur dit qu’il pourrait leur en arriver des désagréments ; les Polonais s’en moquèrent et demandèrent à Prudence d’examiner le panier et ce qui restait. On profita des places qui restaient libres pour se mettre à l’aise et pour défaire tout ce que renfermait le panier.

La prévoyance de la bonne reçut sa récompense ; on trouva encore un gros morceau de jambon, des œufs durs, des pommes de terre, des galettes et force poires et pommes. Le vin et le cidre n’avaient pas été oubliés. Dans la joie de sa vengeance satisfaite. Prudence invita aussi Mme Petitbeaudoit à partager leur repas ; mais elle avait déjeuné avant de