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— Bonheur ! s’écria Coz ; merci, madame Prude, vous bien bonne de dire à Coz ; vous toujours bonne. Moi vous aider à tout préparer pour ami.

Coz et Prudence préparèrent une chambre pour Boginski ; et Coz, par ordre de M. Gargilier, partit avec une carriole pour ramener son ami de la ville.

Quand Boginski arriva, ni Prudence ni les enfants ne le reconnurent, tant il était changé, maigri et pâli. Il avait été fort malade ; Mme Bonbeck avait été très-bonne pour lui, mais elle était si agitée, si remuante, elle parlait tant, elle grondait tellement tout le monde, que le médecin déclara que le malade mourrait si on ne lui donnait, du repos en l’envoyant à la campagne ; c’était lui-même qui avait demandé à aller chez M. Gargilier.

Il ne tarda pas à se sentir mieux et à se remettre entièrement ; mais il ne parlait pas de repartir, malgré les lettres pressantes de Mme Bonbeck. Il cherchait à se rendre utile dans la maison ; il mit en ordre la bibliothèque et classa les livres avec une intelligence qui étonna M. Gargilier. Il s’offrit à donner des leçons à Innocent et à Simplicie, et s’en acquitta si bien, déploya tant d’instruction, que M. Gargilier le questionna sur les années de sa vie passées en Pologne et apprit qu’il était d’une bonne famille, qu’il avait reçu une très-bonne éducation et était capable d’instruire des enfants ; seulement, il n’avait pas appris le français.