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chiens ; est-ce que je dois accepter la société d’une méchante bête puante, parce qu’il vous plaît de la traiter comme une créature humaine ?

LE CONDUCTEUR.

Les chiens doivent être sur l’impériale avec les bagages ; donnez-moi cette bête, que je la hisse.

MADAME COURTEMICHE.

Non, vous n’aurez pas mon pauvre Chéri mignon, je ne le lâcherai pas, quand vous devriez me hisser avec.

— Tiens, c’est une idée, dit le conducteur en riant ; voyons, Madame, donnez-moi votre chien.

— Jamais ! dit Mme Courtemiche avec majesté.

LE CONDUCTEUR.

Alors montez avec lui sur l’impériale.

MADAME COURTEMICHE.

J’ai payé mes places à l’intérieur.

LE CONDUCTEUR.

On vous rendra l’argent.

MADAME COURTEMICHE.

Eh bien, oui, je monterai je n’abandonnerai pas Chéri mignon. »

Mme Courtemiche descendit de l’intérieur, suivit le conducteur et se prépara à grimper après lui l’échelle qu’on avait appliquée contre la voiture. À la seconde marche, elle trébucha, lâcha son chien, qui alla tomber en hurlant aux pieds d’un voyageur, et serait tombée elle-même sans l’aide d’un des gar-