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Après la visite à Mme et à Mlles de Roubier, Prudence et Coz menèrent les enfants chez Mme Bonbeck, qu’ils trouvèrent fort mécontente de la fuite de Simplicie et de la lettre qu’elle venait de recevoir de son frère. Elle reçut les enfants moitié en colère, moitié riant ; elle dit à Coz qu’il était un ingrat de l’avoir quittée.

« Pardon, mâme Bonbeck ; moi pas vouloir fâcher ; mais moi aimer pauvre mamzelle et bonne Mme Prude ; moi triste quand voir battre pauvre mamzelle, et colère quand mâme Bonbeck battre Mme Prude. Elles besoin de Coz, vous pas besoin ; vous avoir Boginski, plus savant que Coz ; moi, en Pologne, domestique ; lui, intendant.

— Ne me parlez pas de ce diable de Boginski ; Je n’en peux plus rien faire ; il me met en colère dix fois par jour ; je lui donne des tapes, des coups d’archet, c’est comme si je chantais. Il me dit de son air calme et imbécile : « Mâme Bonbeck bonne pour Boginski ; moi laisser battre si fait plaisir ! » Animal ! comme si cela pouvait m’amuser de battre une pareille bûche ! Et ne voilà-t-il pas qu’hier il refuse de jouer du violon ! Il se couche, il prétend qu’il a mal à la tête ! Aujourd’hui, je ne l’ai seulement pas vu ! Allez donc voir, Coz, ce que fait cet imbécile ; il n’a pas déjeuné. »

Coz alla voir et ne tarda pas à revenir, disant que son ami était malade, qu’il avait la fièvre et mal à