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celui-ci prit sa large part du festin, puis il retourna chez Mme Bonbeck.

Il ne restait qu’à préparer le coucher d’Innocent ; Coz lui donna son lit qu’il transporta dans la première pièce faisant salon.

« Et vous, où coucherez-vous, Coz ? lui demanda Prudence.

— Moi coucher par terre ; moi habitué, moi dormir partout.

— Mais vous aurez froid ?

— Moi rouler dans manteau ; pas froid, pas mauvais, très-bon. »

Il fit comme il l’avait dit, et il dormit si bien, qu’il ronfla plus fort que jamais.

Trois jours se passèrent encore et l’on ne recevait aucune réponse ni de M. ni de Mme Gargilier. Prudence s’inquiétait de ce silence ; Innocent et Simplicie s’ennuyaient ; Coz était triste ; il craignait qu’on ne le laissât à Paris ; il redoublait de soins et d’activité pour se faire accepter. Prudence l’élevait aux nues ; Simplicie et Innocent ne pouvaient plus s’en passer et lui donnaient toutes les assurances possibles de son engagement chez leur père.

Le quatrième jour de l’arrivée d’Innocent, le facteur entra :

« Une lettre pour Mme Prudence, trente centimes. »

Prudence paya, ouvrit la lettre ; elle était de