Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/391

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les paroles entrecoupées, les exclamations joyeuses de la pauvre Simplicie.

« Pauvre mamzelle ! dit Boginski quand elle fut un peu remise de son émotion, Mme Prude là-bas, attendre désolée. Nous croire mamzelle chez Mme Bonbeck ; moi courir pour arracher pauvre mamzelle. Comment mamzelle ici ?

— Je me suis sauvée pendant que ma tante payait le cocher, et j’ai couru, couru si vite, que j’étouffais. C’est que j’avais si peur de la voir arriver ! »

Le sergent de ville se retira et fit faire place à Simplicie et à Boginski, qui se dirigèrent vers le pont Royal et la rue du Bac. Boginski rentra triomphant dans le petit appartement où l’attendaient tristement Prudence, Innocent et Coz. Le retour de Simplicie fut accueilli par des cris de joies ; Prudence l’embrassa à l’étouffer ; Innocent lui témoigna plus d’affection qu’il ne l’avait jamais fait. Coz, en la voyant, fit un bond de joie, la saisit dans ses bras et la porta dans ceux de Prudence. On envoya Boginski prévenir Mme de Roubier de l’heureux retour de Simplicie. Prudence voulut fêter cet agréable évènement par un bon repas ; elle leur servit à dîner un gâteau excellent surmonté d’une crème vanillée et entourée d’une muraille de fruits confits ; elle y ajouta une bouteille de frontignan-muscat pour célébrer la rentrée en famille d’Innocent et le retour de Simplicie. Ils invitèrent Boginski à dîner ;