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me doit trente-cinq francs et vingt-cinq centimes ; pas un sou de moins.

— Mon pauvre Monsieur Innocent, si vous les devez, avouez-le-moi, je payerai, dit Prudence à mi-voix.

INNOCENT.

Je t’assure, Prudence que je ne dois rien du tout ; c’est au contraire lui qui me doit trois francs et quelques sous sur une pièce de cinq francs.

— Seigneur ! faut-il être méchant et menteur ! s’écria le portier.

Il ne put continuer, parce que Coz, le saisissant au collet, le secoua rudement en disant :

« Toi taire ! toi partir ! toi insolent pour M. Nocent et Mme Prude ! Moi, Coz, veux pas ! Va garder porte !

— Oui, je garderai la porte, grand vaurien, vilain roux ; je la garderai si bien que ni toi ni tes maîtres vous n’en sortirez. Vous croyez que je me laisserai voler sans dire gare ? que des méchants provinciaux peuvent venir gruger les gens de Paris, et puis, pst ! disparaître ? Vous verrez cela, vous verrez ! »

Avant que Coz eût pu abaisser le poing qu’il avait levé sur la tête du portier, celui-ci s’esquiva et referma la porte sur lui.

« Monsieur Nocent, dit Coz, moi penser faut pas rester ici ; maison mauvaise, portier voleur, gar-