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Prudence sanglota. Pendant que tous trois versaient des larmes amères, la porte du parloir s’ouvrit et Coz entra suivi du portier.

« Pourquoi tous pleurer ? s’écria Coz. Qui tourmenter mamzelle, Mme Prude, M. Nocent ? Moi quoi peux faire. »

PRUDENCE.

Ce n’est rien, hi, hi, hi, mon bon Coz. Nous sommes, hi, hi, hi, très-heureux… Il n’y a, hi, hi, hi, rien à faire.

COZ.

Madame Prude tromper Coz ; tous trois pas pleurer quand heureux. Coz pas bête ; moi sais quoi c’est pleurer, quoi c’est souffrir.

INNOCENT.

Je vous assure, Coz, que nous pleurons de joie à la pensée de revenir bientôt chez nous ; vous comprenez bien cela, n’est-ce pas ?

— Oui, dit Coz avec tristesse ; moi comprendre, mais moi jamais heureux comme vous ; moi jamais, revenir chez parents, amis, pays ; jamais. Moi toujours seul, toujours triste ; personne plaindre Coz ; personne aimer Coz.

— Mon pauvre Coz, dit Prudence attendrie, mamzelle et moi nous vous aimons beaucoup, et nous vous plaignons, je vous assure.

— Et vous partir, et moi rester ; vous rire, et moi pleurer ! répondit Coz.