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SIMPLICIE.

Non, j’aime mieux les voir plus tard, demain ; Mme de Roubier ne m’aime pas, je suis honteuse devant elle.

PRUDENCE.

Honteuse ! Et pourquoi seriez-vous honteuse, mamzelle ? Ce n’est pas votre faute si votre tante vous a battue.

SIMPLICIE.

Oh ! ce n’est pas pour cela ! C’est parce qu’elle a dit des choses si désagréables de moi et que je vois bien qu’elle a raison.

PRUDENCE.

Faut pas croire cela, mamzelle ; on dit comme ça des choses qu’on ne pense pas. C’était pour expliquer comme quoi elle ne voulait pas être gênée pour les leçons de ces demoiselles.

SIMPLICIE.

Non, non, je te dis que je sens dans ma tête et dans mon cœur qu’elle a raison. Je vois à présent comme j’étais sotte de vouloir venir à Paris, comme c’était mal pour pauvre maman et pour papa, de bouder, de pleurer, de les tourmenter pour nous laisser aller à Paris. Innocent est cause de tout cela, mais je n’aurais pas dû l’écouter et j’aurais dû rester avec maman. Je voulais m’amuser. Je ne pensais pas à autre chose, et me voilà bien punie ; je n’ai jamais été si malheureuse que depuis que j’ai quitté ma-