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amitié qui le disposa à la confiance ; il leur raconta tout ce qu’il avait fait pour obtenir de ses parents l’autorisation de venir à Paris et à la pension ; il en témoigna un grand regret ; ses amis profitèrent de ses aveux pour lui donner de bons conseils ; ils lui firent voir combien sa conduite avait été coupable et comme le bon Dieu le punissait par l’accomplissement même de ses désirs.

« Si tu étais resté chez toi, tu aurais toujours regretté la pension ; tu n’en aurais pas connu les désagréments, tu aurais eu de l’humeur contre ton père, dont tu ne savais pas apprécier la bonté.

— Oh ! oui tu as bien raison, mon bon Paul ; à présent, quand j’aurai le bonheur de retourner à Gargilier, je ne demanderai à mon père qu’une seule grâce, c’est de ne jamais le quitter. Je serai aussi obéissant que j’étais révolté, aussi studieux que j’étais paresseux. Oui, mes amis, grâce à vous je sais, je vois combien j’ai été coupable et combien je dois remercier Dieu de m’avoir envoyé de si rudes châtiments. »

En sortant de l’infirmerie, Innocent devint, comme ses amis, un excellent élève ; quand il fut tout à fait rétabli, il écrivit à son père la lettre suivante :

« Mon père, mon cher père, pardonnez-moi, car j’ai été bien coupable ; ayez pitié de moi, car j’ai bien souffert. Je vous ai pour ainsi dire forcé, par