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« Prenez dans le coin, là-bas, les mauvais garnements qui se défendent la règle à la main et enfermez-les au cachot. Que deux hommes se tiennent prêts à porter les lettres aux parents de ces élèves. »

Puis, se tournant vers le maître d’étude :

« Pour les autres, tous coupables, mais à de moindres degrés, grande retenue jusqu’à nouvel ordre. Nous ferons une enquête et nous séparerons les sots des méchants pour leur faire des parts différentes. »

Les ordres du maître s’exécutèrent sans aucune opposition ; les élèves étaient tous plus ou moins consternés, selon qu’ils se sentaient plus ou moins coupables, car aucun n’était innocent.

Le résultat de l’enquête fut l’expulsion de cinq élèves qu’on renvoya le soir même à leurs parents ; la privation de sortie pendant un mois pour douze autres élèves, et la privation d’une sortie et d’une promenade pour le reste de la classe.

Innocent contusionné, meurtri, resta quelque jours à l’infirmerie. La nouvelle de sa maladie et de la scène qui l’avait occasionnée se répandit promptement dans toutes les classes ; elles témoignèrent une curiosité générale et chacun voulut visiter Innocent et lui témoigner sa sympathie. Les plus charitables furent, comme toujours, Paul, Jacques et Louis, qui se trouvaient absents de la pension le jour de l’événement ; ils inspirèrent à Innocent une