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Prudence, qu’il me dit ; tu les mèneras seule à Paris.

« — Helas ! monsieur, que je lui réponds, j’aurais trop peur qu’il n’arrivât malheur à mes jeunes maîtres ; moi qui ne connais rien dans cette grande caverne, je risquerais de m’y perdre.

« — Sois tranquille, je te donnerai une lettre pour ma sœur Mme Bonbeck ; elle est bonne femme, quoique un peu vive ; elle n’a pas quitté Paris et elle ne m’a pas vu depuis quinze ans que je suis marié, mais elle m’aime et je suis sûr que vous y serez bien. »

« J’ai dit oui, comme c’était mon devoir de le dire ; monsieur me donna des instructions, de l’argent plein deux bourses, et me défendit de ramener les enfants s’ils s’ennuyaient de Paris et demandaient à revenir.

« Je veux, dit-il, leur donner une leçon ; je sais qu’ils y seront ennuyés et malheureux ; mais ils le méritent par leur déraison et leur manque de tendresse et de reconnaissance pour moi et pour leur mère. Je veux qu’ils passent l’année à Paris, et qu’ils ne reviennent qu’aux vacances. »

« Madame pense bien que je ne puis enfreindre les ordres de monsieur et ramener mamzelle au bout d’un mois, laissant M. Innocent dans son collège de bandits et d’assassins, sans personne pour l’en tirer les dimanches et fêtes.