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voiture et les mener chez Mme de Roubier. Prudence avait fait la malle pendant la nuit, car Simplicie, terrifiée par la violence de sa tante, ne voulait pas la revoir, et il fallait être parties avant huit heures pour l’éviter à son réveil.

« Mon bon Coz, dit Prudence à voix basse, vous voyez l’état dans lequel Mme Bonbeck a mis ma pauvre jeune maîtresse ; elle veut s’en aller, je veux l’emmener ; il faut que vous nous aidiez. Allez nous chercher une voiture, descendez-nous notre malle et venez avec nous chez Mme de Roubier. J’ai peur qu’on ne veuille pas nous y garder ; alors que deviendrions-nous dans ce maudit Paris, seules, abandonnées ? Ayez pitié de nous, mon bon Coz, aidez-nous à partir d’ici et ne nous abandonnez pas.

— Pauvre Madame Prude ! pauvre mamzelle ! répondit Coz attendri. Moi tout faire, aider à tout, moi aller partout, vous mettre bien. Ordonnez à pauvre Coz ; moi pas mauvais comme Bonbeck, faire tout pour servir, pas abandonner bonne madame Prude et pauvre mamzelle.

— Merci, mon bon Coz ! C’est le bon Dieu qui vous envoyé à nous. Allez vite, mon ami, chercher une voiture. »

Coz partit comme une flèche ; avant de chercher la voiture, il fit à la hâte un bout de toilette, un petit paquet de ses effets, courut arrêter un fiacre