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mant de colère, les yeux étincelants, les lèvres tremblantes, le visage affreusement contracté, les poings crispés, haletant et suffoquant.

« Oh ! mâme Bonbeck !

— Tais-toi ! hurla-t-elle.

— Pourquoi vous battre pauvre mamzelle et bonne Mme Prudence ?

— Tais-toi ! répéta-t-elle.

— Non ! moi pas taire. Vous bonne pour moi, pour Boginski ; pourquoi vous méchante pour pauvre petite et pour pauvre bonne ? Pourquoi vous battre, vous forte, vous tante, vous madame, pauvre enfant et pauvre bonne qui fait rien mal. Pauvre Mme Prude aimer sa mamzelle, suivre partout, et vous battre, punir comme si Mme Prude méchante ! Pas bien, mâme Bonbeck, pas bien. Moi battez, si faire plaisir, moi homme, moi fort ; mais enfant, femme, petite, faible, c’est pas bien ! Oh ! pas bien du tout. »

À mesure que Coz parlait, la colère de Mme Bonbeck tombait ; elle finit par être honteuse de sa violence, s’attendrit, prit les mains de Coz :

« Vous avez raison, mon ami, vous avez raison ; j’ai eu tort ! j’ai agi comme une bête brute… J’étais en colère contre vous aussi, mon pauvre Coz.

COZ.

Moi ? Moi rien fait pour fâcher ! Pourquoi colère sur Coz ?