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de Simplicie, que le désir d’être belle tenait immobile sur sa chaise. Quand Prudence eut fini son travail, elle regarda Simplicie avec admiration.

« Oh ! mamzelle, que c’est joli ! que c’est beau ! Si mamzelle voulait voir dans la glace ? ces pivoines sont presque aussi grosses que la tête de mademoiselle ! Et rouges, presque comme les joues de mademoiselle. »

Simplicie se leva, regarda avec complaisance, admira le tour de fleurs qui surmontait sa tête déjà trop grosse, et acheva de s’habiller.

SIMPLICIE.

Et toi, Prudence, va changer de robe pour me faire honneur.

PRUDENCE.

Mais je n’entre pas au salon avec mademoiselle ; pour rester à l’antichambre, ma robe d’indienne est bien assez belle.

SIMPLICIE.

Pas du tout ; les domestiques se moqueraient de toi, et c’est sur moi que cela retomberait ; on dirait que j’ai une servante de quatre sous à mon service. Je ne veux pas recommencer les humiliations de l’autre jour.

La pauvre Prudence, un peu mortifiée et chagrine, mais toujours dévouée à ses maîtres, quitta la chambre sans mot dire et revint au bout de dix minutes parée comme une châsse. Un grand bonnet