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Mme Courtemiche criait ; Mme Bonbeck applaudissait ; les juges riaient ; les spectateurs regardaient et s’amusaient ; les Polonais battaient des mains. Les cris des chiens, ceux de Mme Courtemiche, les applaudissements de Mme Bonbeck et des Polonais, empêchaient la voix du président de se faire entendre ; enfin, les huissiers saisirent les chiens et remirent à Mme Courtemiche son favori, mordu et éreinté ; Folo alla recevoir les caresses de sa maîtresse et les félicitations de la foule.

LE PRÉSIDENT.

Cette scène est inconvenante. Madame Courtemiche, pour la dernière fois, expliquez-vous ou quittez l’audience.

MADAME COURTEMICHE.

Que je m’explique ! Que je m’explique devant une Cour qui laisse insulter, dévorer mon Chéri-Mignon, mon ami, mon enfant ! Plus souvent que je m’expliquerai devant des sans-cœur et des sans-cervelle…

LE PRÉSIDENT.

Madame Courtemiche, vous injuriez le tribunal. Je vous engage à vous taire.

MADAME COURTEMICHE.

Ah ! vous voulez me faire taire ! Je veux parler, moi ; je veux qu’on sache comment le gouvernement rend la justice ; que c’est une honte, une humiliation pour le pays que je représente d’être traitée comme je le suis par un tas de gens…