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PRUDENCE.

L’Amour de madame, celui qui dort sous la table.

MADAME BONBECK.

Ha ! ha ! ha ! Tu veux dire Folo ! C’est moi qui l’appelle l’amour des chiens ; ce n’est pas son nom.

PRUDENCE.

Pardon, madame, je croyais…

MADAME BONBECK.

C’est bon, c’est bon. Préparons-nous pour le tribunal de demain. Raconte-moi bien en détail ce qui est arrivé.

PRUDENCE.

Une chose bien simple, madame ; il est arrivé que ce maudit chien a mangé tout mon veau, un superbe morceau que j’avais choisi entre mille.

MADAME BONBECK.

Ceci n’est pas un grand crime, Prude ; certainement, si tu étais chien, tu en ferais autant.

PRUDENCE, piquée.

Ça se pourrait bien, madame ; mais comme je n’avais pas l’honneur d’être chien, et chien grognon, querelleur, méchant, voleur, je ne puis dire à madame ce que j’aurais fait si j’avais eu cette chance-là.

MADAME BONBECK.

C’est bon, c’est bon ! Faut pas te fâcher, Prude ; tu pourrais être pis qu’un chien. Mais qu’a-t-il fait encore, cet animal ?