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218 LES DEUX NIGAUDS.

Mme Bonbeck examina sa cravate et vit qu’elle avait également un morceau de papier comme celle de Coz. Elle ne dit rien, se rassit, servit la soupe, et chacun la mangea en silence. Le reste du dîner fut sérieux. Mme Bonbeck servit les Polonais plus abondamment que de coutume. Après dîner, elle appela Croquemitaine, causa avec elle quelques instants, lui glissa dans la main quelques pièces d’argent, rentra au salon, donna à Coz de la musique à graver, fit accorder le piano et les violons par Boginski, ne s’occupa aucunement des enfants qui s’amusèrent à examiner les outils à graver et la manière dont Coz s’en servait, et fut assez agitée pendant une heure que dura l’absence de Croquemitaine. Cette dernière revint portant un gros paquet, qu’elle remit à Mme Bonbeck. Le paquet fut ouvert, examiné.

«  Coz, Boginski, venez ici. Tenez, voilà pour vous apprendre à venir dîner chez moi sans chemise, » dit Mme Bonbeck en leur jetant à la tête deux paquets dont ils eurent quelque peine à se dépêtrer.

Ils ramassèrent les effets épars sur le parquet et virent avec bonheur que chacun d’eux avait six bonnes chemises dont trois blanches et trois de couleur. Ils prirent les mains de Mme Bonbeck et les baisèrent à plusieurs reprises, avec affection et respect.

« C’est bien, c’est bien, mes amis, dit Mme Bon-