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MADAME BONBECK.

De me voir ? Tiens, qu’est-ce qui te prend ? tu me connais à peine.

INNOCENT.

Oui, ma tante, mais je vous aime beaucoup, et je vous ai regrettée plus d’une fois depuis huit jours que je suis en pension.

MADAME BONBECK.

Ce qui ne veut pas dire que tu m’aimes, mon garçon, mais que tu détestes la pension. Te voilà donc sorti ?

INNOCENT.

Oui, ma tante, je viens achever la journée avec vous.

MADAME BONBECK.

Mais tu ne vas pas m’ennuyer au salon, empêcher ma musique, briser mes violons et me faire enrager. Va-t’en chez Simplicie, et reviens pour dîner. Allons, Boginski, reprenons l’andante ; pianissimo, con amore, maëstoso ! »

À peine eut-elle tiré quelques sons du violon, qu’une nouvelle interruption vint l’irriter contre Innocent. En se retirant, il marcha sans voir sur la queue du chat à demi-couché sur le ventre du chien. La douleur fit faire au chat un bond prodigieux ; en retombant, les griffes de ses quatre pattes s’enfoncèrent dans la peau du chien, qui, bondissant à son tour, s’élança sur le chat, puis sur Innocent ; le chat