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ment de colère se fait sentir dans l’auditoire.) Oui, messieurs, comme des lâches ! répéta le maître avec force. Vous vous êtes mis douze contre un ; vous avez usé lâchement et cruellement d’un moyen barbare en lui-même, et que des garçons de cœur et d’honneur devraient repousser avec indignation. Vous vous êtes sauvés devant une classe inférieure qui vous a battus et chassés : elle, forte du sentiment généreux qui l’excitait contre vous ; et vous, faibles par le sentiment de votre propre dégradation. Messieurs Granier, Crépu et Dandin, vous êtes chassés de ma maison ; vous resterez consignés dans les cachots jusqu’à ce que vos parents vous envoient chercher… Oh ! pas de réclamations, messieurs ! elles seraient inutiles, continua le maître ; je ne fais jamais grâce aux fautes de cœur et d’honneur. Et vous, messieurs de la grande classe, vous êtes tous en retenue jusqu’à nouvel ordre ; rentrez en étude, votre récréation est finie. »

La grande classe défila en silence et se rendit à l’étude ; l’absence du maître leur permit de raisonner de l’événement dont les rendait victimes leur méchanceté. Ils se disputèrent, se reprochèrent les uns aux autres de s’être entraînés, se désolèrent de la retenue qui pouvait les priver de la sortie du dimanche. L’un devait aller au spectacle ; l’autre avait un dîner d’amis et de cousins ; un troisième avait une soirée de tours merveilleux ; un autre en-