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INNOCENT.

Petite et ridée ; tu appelles cela magnifique !

L’ÉLÈVE.

Dix noix, une tarte excellente !

Innocent goûta la tarte et dit, en faisant la grimace :

« La cuisinière de maman en faisait de meilleures ; ça sent le rance et la poussière !

L’ÉLÈVE.

Ma foi, mon cher, une autre fois achète toi-même et choisis à ton idée. Je ne fais plus tes commissions, moi. En attendant, rends-moi mes vingt-trois sous.

INNOCENT.

Je te les donnerai quand nous rentrerons en étude ; j’ai mis mon argent dans mon pupitre. »

L’élève, satisfait de son premier succès, n’insista pas. Innocent goûta à tout et y goûta tant et tant qu’il ne lui resta plus rien pour le lendemain. En rentrant à l’étude, il donna à l’élève infidèle une pièce de cinq francs en le priant de lui rendre le reste en monnaie.

« Je n’en ai pas maintenant, je te la rendrai à la première occasion. »

Il courut chez le portier, et, lui remettant la pièce de cinq francs :

« Tenez, père Frimousse, Gargilier vous envoie cinq francs. Vous les garderez, et il aura chez vous