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amuser. Et quand les camarades sont rentrés, nous nous sommes mêlés à eux comme si nous n’avions pas quitté les rangs.

INNOCENT.

Et si quelqu’un était entré au parloir ?

LES ÉLÈVES.

Bah ! personne n’y entre à cette heure-çi ; et si même quelqu’un était venu, nous nous serions fourrés sous la table, qui est couverte d’un grand tapis ; personne ne nous aurait vus.

INNOCENT.

Et si le professeur dit au maître qu’il vous a renvoyés ?

LES ÉLÈVES.

Pas de danger ; une fois sorti de la classe, il n’y pense plus, et il ne voit pas souvent le maître.

— Dis donc, Gargilier, s’écria un élève, est-ce que tu ne manges rien avec ton pain ?

INNOCENT.

Je n’ai rien ; il faut bien que je le mange sec.

L’ÉLÈVE.

Et pourquoi n’achètes-tu pas… ?

INNOCENT.

Quoi ?

L’ÉLÈVE.

Quoi ? Du chocolat, parbleu ! des tartes, des noix, des pommes, etc.

INNOCENT.

Où ?