Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/171

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

yeux sur ses camarades, ils lui firent tous les cornes. Innocent resta immobile en face d’eux, cherchant, sans le trouver, un moyen de défense contre les agressions qu’il redoutait. Mais que pouvait-il faire seul contre douze ? La cloche sonnait pendant qu’il réfléchissait.

« En classe, messieurs, en classe ! » cria le maître d’étude.

Les élèves quittèrent leur mur avec une vive satisfaction et se dirigèrent deux par deux vers la classe, ils défilèrent devant Innocent, et chacun lui donna en passant une chiquenaude, un pinçon, une claque, un coup de pied. Innocent, au lieu de s’éloigner, resta en place comme un nigaud et suivit ses camarades en pleurnichant. Le maître d’étude lui assigna sa place, lui fit donner un pupitre et les cahiers et livres nécessaires.

Le voisin d’Innocent lui pinça les parties charnues.

« Laisse-moi, méchant ! Ne me touche pas.

— Silence, là-bas ! » dit le maître d’étude.

Quelques instants après, même agacerie, même réclamation d’Innocent.

LE MAÎTRE D’ÉCOLE.

Monsieur, si vous parlez encore. Je vous marque dix mauvais points.

INNOCENT.

M’sieu, ce n’est pas ma faute ; il me pince.

LE MAÎTRE D’ÉTUDE.

Taisez-vous, monsieur.