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LE MAÎTRE.

Je ne vous parle pas de ça. Vous ne sortirez pas. »

Le maître se retira, laissant Innocent en proie aux vengeances de ses ennemis.

« Rapporteur, capon, dit Léon en lui allongeant un coup de poing sur l’épaule.

— Méchant ! langue de pie ! dit un autre élève en lui tirant les cheveux.

— Mouchard ! crièrent les autres en lui tirant les oreilles, les cheveux, en lui assénant des coups de pied, des coups de poing.

— Aïe, aïe, au secours ! ils me battent, ils m’arrachent les cheveux, ils me griffent ! » criait Innocent en se débattant.

Le maître d’étude, habitué à ces cris et à ces combats dans cette pension mal tenue et mal composée, n’y fit aucune attention, jusqu’à ce que les cris furent devenus aigus et violents. Il marcha alors vers le groupe, se fit jour jusqu’à Innocent qu’il dégagea des mains et des pieds de ses ennemis. Il le retira échevelé et sanglotant.

« C’est une honte, messieurs ! un abus de force ! une lâcheté ! Tomber cinquante à la fois sur un innocent, maigre, faible et incapable de se défendre. Vous êtes tous au piquet, messieurs.

— Mais m’sieu, il a rapporté ; il a fait punir Léon ; il mérite d’être puni lui-même.

— Vous voyez bien que, venant d’arriver, il ne