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raconter comment Innocent avait passé ses premiers jours avec ses nouveaux camarades.

Quand le maître de pension ramena Innocent dans la cour où jouaient les élèves, il les appela tous.

« Messieurs, leur dit-il, je vous recommande de l’indulgence et de la charité envers ce nouveau camarade que je vous amène ; vous l’avez déjà bousculé et maltraité. Je ne veux pas ces plaisanteries brutales qui nuisent à la bonne renommée de ma maison.

— Nous n’avons rien fait, monsieur ; nous avons joué entre nous, s’écrièrent les élèves.

— Ce n’est pas vrai, dit Innocent ; vous m’avez tiré ma redingote, vous m’avez jeté à terre, vous avez enfermé Prudence, Simplicie et le Polonais dans la cour.

— Tu mens, dit un grand élève, ce n’est pas nous, qui avons fait cela. »

INNOCENT.

C’est vous tous ; et vous qui parlez, vous avez dit que vous étiez le délégué du maître.

LE MAÎTRE.

Ah ! c’est donc vous, Monsieur Léon, qui vous êtes rendu coupable de ce manque de respect, de cette haute inconvenance envers ma maison et les personnes qui m’avaient amené un élève ?

LÉON.

Non, m’sieu ; il ment, ce n’est pas moi.