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nerions à Gargilier. Décidément, je m’ennuie chez ma tante et à Paris.

PRUDENCE.

Est-ce que vous savez si vous vous y ennuierez ? Nous n’y sommes que depuis trois jours. »

La sonnette s’agita avec violence.

« C’est votre tante, mamzelle ! c’est votre tante ! s’écria Prudence avec terreur. Allez-y ; elle vous battrait. »

Simplicie, qui partageait la frayeur de Prudence et qui devait se soumettre aux exigences de sa tante, se rendit enfin à son appel et la trouva avec un commencement de colère.

« Qu’est-ce qui te prend donc de ne pas venir quand je t’appelle ? Je n’aime pas à attendre, moi. Tiens, voici deux robes, un chapeau et un manteau raisonnable ; tu ne sortiras pas sans qu’une des robes soit faite ; travailles-y avec Prudence ; Croquemitaine t’aidera quand elle pourra. Emporte ça, et à dîner ne m’apporte pas un air grognon ; je n’aime pas cela. Tu as vu que je sais me servir de mes mains et de mes pieds ; ne me fais pas recommencer une seconde fois ; je te secouerais plus fort que la première. »

Simplicie ne répondit pas, prit le paquet et le porta dans sa chambre.

SIMPLICIE.

Ma tante veut que nous fassions les robes nous-