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aux domestiques de laisser aller le Polonais. Coz avait ses habits en désordre ; le nœud de sa cravate était à la nuque, ses cheveux étaient ébouriffés ; il arrangeait ses vêtements, ces cheveux, sa cravate, tout en marmottant :

« Moi Polonais, moi tuer Russes, moi chercher voiture, moi appeler Mlle Simplicie ; moi pas content ; moi dire à Mme Bonbeck ! »

Simplicie, rouge et humiliée, restait muette et immobile ; les enfants, que la bonne avait calmés, et qui comprenaient la méprise, cherchèrent à leur tour à rassurer Simplicie ; Clara et Marthe lui proposèrent de venir les voir le soir pour passer plus de temps ensemble ; Sophie et Marguerite lui firent leurs excuses de la scène, qui venait d’avoir lieu, et firent si bien que Simplicie crut que le tort venait d’elles et non de Coz. Simplicie reprit son air satisfait et s’en alla en promettant de revenir. Quand elle fut partie, les enfants furent pris d’un fou rire, et toutes quatre se roulèrent sur les canapés en riant à suffoquer. La bonne partagea leur accès de gaieté.

« Quelle drôle de visite nous avons eue là ! s’écria enfin Marguerite.

SOPHIE.

Et quelle toilette ridicule avait Simplicie !

MARTHE.

Et quelle figure a cet homme roux qui l’accompagne !